Les régions de Torbé et Chezzetcook connaissent pas mal leur histoire, mais après le premier octobre, cette histoire est devenue concrétisée lors d’une visite historique entre ces deux régions qui partagent une histoire en commun. La signature du Traité de Paris en 1763 qui termine le Grand Dérangement, les mènent à l’établissement de Chezzetcook. Plusieurs Acadiens/ennes furent emprisonnés durant les années du Grand Dérangement de 1755-63 sur l’île Georges, à Fort Edward (Windsor) et Beauséjour situé à la frontière du Nouveau Brunswick. Après leur libération en 1763, plusieurs de ces prisonniers s’installèrent à Chezzetcook, juste à l’est de Dartmouth. Prêt à recommencer leurs vies éloignées de leur patrie de Grand Pré, ces Acadien/ennes commencent leur adaptation malgré le déchirement de leurs familles séparées entre 1755-63. Toute progresse de leur possible et il semblait qu’ils allaient se raciner de nouveau dans cette région qui deviendrait leur nouveau “chez-eux”.
En 1783, un groupe de Loyalists arrive à Halifax, la nouvelle capitale de cette colonie britannique. Ayant besoin d’y fournir des terrains domiciliés, le gouverneur accorde des terres dans la région de Chezzetcook à ces nouveaux arrivants. Plusieurs Acadiens doivent céder leurs terrains et décident de faire une autre demande pour de nouveaux endroits à s’installer mais cette fois éloignés de la capitale Britannique d’Halifax. Torbé a bien mesuré à ces préférences qui satisfait également les désirs réciproques du base militaire d’Halifax. À ce point, le plus grand désir de ces déracinés était d’y trouver la paix et de pratiquer leur religion Catholique. Donc, ces familles furent déchirées encore une fois et reprirent la tâche de se réinstaller encore une fois.
Les premiers terrains furent accordés aux familles Pellerin, Richard, Bellefontaine, Bonnevie, Petitpas, Levandier, Breau, et Mannette en 1797 dans la région de Torbé. Ces familles tristes et séparées s’installent dans les petits villages sur les rivages de la baie connus aujourd’hui comme Port Félix, l’Anse à Charlo, et la Rivière (Larry’s River). Depuis cette époque, très peu de contact fut réalisé, sauf des visites de temps en temps par quelques-uns, surtout de la famille Richard.
Grâce à l’encouragement de la FANE et des fonds de Patrimoine Canadien, ces deux groupes “si longtemps séparés” (une chanson écrite par Waylon Thibodeaux) se sont réunis le 1er octobre à Chezzetcook et les portes se sont mises à grandes ouvertes pour ces retrouvailles inoubliables. En arrivant sur ces terres de nos ancêtres, on s’est senti chez-nous par les bras ouverts et des embrasses touchantes qui nous a annoncé qu’on est sans doute qu’une grande famille malgré le passage de plus de 227 ans. Après deux heures de visite chez l’Acadie de Chezzetcook, et un grand goûter délicieux préparé par les chaleureuses hôtesses, nous nous sommes tous embarqués dans l’autobus Markie Bus Tours qui nous amène au Cable Wharf au centre-ville d’Halifax. Là on a rencontré d’autres membres du groupe de Torbé afin d’embarquer cette fois sur un traversier qui nous amène à l’île Georges. Ici notre visite bouleversante est devenue remplie d’émotions. Mettant les pieds sur le même terrain que nos ancêtres il y a 270 ans, et imaginant les conditions hivernales de l’époque avec très peu d’abri, et toujours menacés par des soldats, est devenu très émotionnel. On voulait nous mettre à genoux afin d’offrir nos prières à ceux et celles qui ont subi des souffrances inimaginables. Nous avons terminé notre visite historique en chantant notre hymne national, Ave Maris Stella derrière un grand drapeau Acadien en face de la Legislature de la Nouvelle Écosse. Quelles mémoires, et quelles expériences pour nous toutes et tous! Merci à l’Acadie de Chezzetcook, merci à la FANE et merci à Patrimoine Canadien pour ces belles mémoires qui nous ont approfondies notre histoire de survivance, adaptation et détermination!