Les Acadiens oubliés

Jan 29, 2017

Les Acadiens de la baie de Tor ont vécu dans l’obscurité

De l’époque de la colonisation, à la fin des années 1700 et au début des années 1800, jusqu’au début et au milieu des années 1900, les Acadiens de la baie de Tor étaient pour la plupart un groupe oublié. À l’exception de quelques familles élargies résidant à l’Isle Madame, à Tracadie, à Haver Boucher, à Chezzetcook et à Pomquet, ce groupe isolé était relativement peu connu. Bien que leur histoire soit sensiblement la même que celle des communautés susmentionnées, elle diffère quelque peu de celle de nombreux Acadiens d’autres régions. La plupart des familles qui se sont installées le long des rives de la baie de Tor étaient des descendants directs d’âmes emprisonnées qui ont survécu à la Déportation en tant que captifs détenus sur l’île Georges (dans le port d’Halifax) et dans de petites forteresses situées à divers endroits de la Nouvelle-Écosse. Avec la signature du traité de Paris en 1763, ils ont été libérés et beaucoup se sont installés à Chezzetcook, à une courte distance sur la côte est de l’actuelle ville de Dartmouth. Les rapports indiquent qu’ils s’y sentaient bien, mais l’arrivée des Loyalistes de l’Empire-Uni en 1783 menaça une fois de plus leur sécurité et ils demandèrent des terres plus loin sur la côte est, dans la région de Torbé/New Harbour et à une courte distance à l’ouest de Canso. En 1797, les familles suivantes ont reçu des concessions de terre sur les rives de la baie de Tor : Bellefontaine, Richard, Pellerin, Mannette, Lavandier, Petitpas, Boudreau, David, Roi et Bonnevie. Elles furent bientôt rejointes par d’autres familles qui se marièrent avec celles mentionnées ci-dessus. Il s’agit de Deslauriers, Fougère, Cassie, Jelleau, Avery, Doiron, Cashen, Girrouard, Tibbo et Bond. Loin des rencontres menaçantes avec les militaires britanniques d’Halifax, ils sont déterminés à survivre dans cette région rocheuse isolée où la paix remplacera la peur et les menaces potentielles de nouveaux bouleversements.

Ils ont survécu grâce à leur détermination et à leur volonté de tirer leur subsistance des réalités et de l’environnement hostiles auxquels ils étaient confrontés. La mer, la forêt et ce qu’elles offraient étaient tout ce qu’ils avaient, en dehors de leur foi catholique solide. Pendant plus d’un siècle, la vie de ces familles a été marquée par des épreuves, des défis et une détermination qui exigeaient toute leur énergie pour survivre. Leur existence insolente et les distances relatives qui les séparent des autres communautés leur laissent peu de temps ou d’occasions de se mêler aux Acadiens d’autres régions de la province. Leur obscurité était telle que très peu d’Acadiens d’autres régions savaient où se trouvait la baie de Tor, ou que des communautés acadiennes y existaient. Cependant, dans les années 1930, plus de 2 000 Acadiens vivaient sur les rives de la baie de Tor, à Larry’s River, Charlos Cove et Port Felix. Une cinquantaine d’autres personnes vivaient à Lundy.